Le ministre de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation, Jean-Luc MOUTHOU a annoncé, le 25 août 2022 à Brazzaville, l’entrée en vigueur de nouveaux programmes scolaires cette année. Ces nouveaux programmés initiés dans le but d’améliorer le contexte d’apprentissage des élèves vont remplacer les anciens programmes en vigueur depuis plus d’une trentaine d’années au Congo. L’arrêté ministériel y relatif précise que ces nouveaux programmes rentre en vigueur cette année pour les élèves des niveaux CP1 et CP2 pour le primaire et 6ème et 5ème pour le collège alors que les classes restantes emboiteront le pas à la rentrée 2023-2024. Dans cette interview accordée à plusieurs médias de la place dont le Groupe Congo Médias, le ministre revient sur le bien-fondé de ces aménagements.
Groupe Congo Médias: Il est ventilé une information selon laquelle le gouvernement par un arrêté aurait décidé de réaménager les programmes scolaires. Confirmez-vous cette information?
Jean-Luc MOUTHOU : Nous sommes à quelques semaines de la rentrée des classes 2022-2023 et nous nous organisons, autant que faire se peut, au niveau de notre ministère de manière à ce que nous puissions apporter le renouveau nécessaire qui pourrait permettre aux enfants d’améliorer le contexte de leur apprentissage. Et c’est à ce titre justement que nous avons élaboré de nouveaux programmes scolaires en République du Congo, programmes d’ailleurs qui vont être rendus exécutoires à partir de la prochaine rentrée des classes en octobre.
GCM : Pourquoi ce changement de programmes scolaires ?
JLM : Il faut dire que ce changement de programmes est inhérent à un certain nombre de difficultés internes que nous avons observées dans le cadre du fonctionnement de notre système éducatif puisque depuis de longues années, le système éducatif congolais est confronté à de sérieux problèmes parmi lesquels, on peut citer entre autres : des déperditions et des redoublements massifs tant au primaire qu’au secondaire, une qualification déficiente des enseignants, une qualité insuffisante des acquis scolaires, comme le montre les résultats des évaluations internationales, etc. Il y a également un des difficultés externes tel que l’évaluation internationale PASEC 2014 qui a situé le Congo, notre pays au niveau des pays les moins performants parmi le groupe des dix pays évalués et avec la particularité où les difficultés enregistrées par les apprenants en début de scolarité qui s’accentuent très significativement en fin de scolarité. Enfin, il faut rappeler que de nombreuses actions au plan gouvernemental ont été menées pour essayer de palier toutes ces difficultés au plan des enseignements puisque partant de ces constats, le gouvernement avait entrepris des actions visant la gratuité dans l’enseignement et également un soutien particulièrement puissant entre 2004-2009 et 2010-2013 au travers de la mise en œuvre du projet d’appui à l’éducation de base ‘’PRAEBASE.

GCM : Qu’est-ce qui différencie les nouveaux programmes des anciens ?
JLM : Les nouveaux programmes éducatifs marquent cinq ruptures majeures par rapport aux anciens programmes : une logique de continuum dans l’acquisition des savoirs et des compétences, en ce que les notions abordées au primaire forment un fondement de ce qui est abordé au secondaire dans la vision d’une éducation de base bâtie autour d’un socle de dix ans. D’où l’importance accordée aux profils d’entrée et de sortie des niveaux pédagogiques élargis aux débuts et fins de cycles ; une logique d’apprentissage qui place l’apprenant au centre des activités situationnelles en lien avec les contenus des notions essentielles abordées, qui s’éloigne d’une logique d’enseignement habituellement mettant l’enseignant en exergue ; une logique d’apprentissage en profondeur développée par le temps accordé aux apprentissages entrecoupés par des périodes de découverte des notions entrecoupées de moments d’évaluation ou de régulation ; une logique d’acquisition des compétences à partir d’une méthodologie basée sur le traitement des situations. Ces nouveaux programmes s’appuient sur une nouvelle approche pédagogique, une approche centrée sur des situations liées au contexte de vie courante de l’élève pour que celui-ci développe des compétences : c’est une approche par les situations.
Malgré toutes ces actions, les résultats du Congo à l’évaluation PASEC 2019 pointent d’énormes faiblesses en mathématiques et en Français. Par ailleurs, il est important de signaler que les programmes scolaires encore en vigueur existent depuis plus de 30 ans ; bien que des aménagements y ont été apportés, les constats sur la baisse de niveau des élèves et l’efficacité en matière d’encadrement des élèves par les enseignants demeurent. Dans le cadre de la stratégie 2015-2025, révisée pour la période 2021-2030, au regard des agenda internationaux sur l’éducation, la Banque Mondiale et le Gouvernement ont convenu de la réécriture des programmes de français, mathématiques et sciences au primaire et au collège, réalisée avec l’appui financier et technique du Projet d’Appui à l’Amélioration du Système Educatif (PRAASED). Un consultant international spécialisé en curricula appuie ce processus.
Ainsi, l’intérêt de ces nouveaux programmes éducatifs est d’améliorer le processus d’apprentissage. Les apprenants seront désormais face à un programme totalement aéré, couvrant le calendrier scolaire, de façon à opérer un apprentissage en profondeur et non plus superficiel à cause d’une surcharge de contenus.
GCM : A un peu plus d’un mois de la rentrée des classes, avez-vous pris des dispositions pratiques permettant aux enseignants de s’approprier lesdits programmes?
JLM: Il est prévu une série de formations des enseignants et du personnel d’encadrement au maniement de ces nouveaux programmes dans les chefs-lieux des départements. Ces formations vont débuter dès le 02 septembre prochain. Elles seront organisées en 2 vagues. La première vague qui va du 2 au 11 septembre concerne les départements de Brazzaville, des Plateaux, de la Cuvette, de la Cuvette-Ouest, de la Sangha et de la Likoula. La seconde vague qui va du 20 au 29 septembre concerne les départements de Pointe-Noire, du Kouilou, du Niari, de la Bouenza, de la Lekoumou et du Pool.
GCM : Existe-t-il des supports pédagogiques pour ces nouveaux programmes?
JLM: Ces supports déjà acheminés dans les départements seront mis gracieusement à la disposition des élèves du CP1 et CP2 pour le primaire, de la 6ème et de la 5ème pour le collège dès la rentrée scolaire. Ils spécifiquement constitués des cahiers d’activités pour les élèves, faisant office de manuels scolaires, des programmes éducatifs et des guides pédagogiques pour les enseignants.
Propos recueillis par Sylvain Maniongui
Photo 1 : le Ministre lors de l’interview
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