Les fidèles de l’église Ngunza matsouaniste ont choisi l’esplanade du palais de congrès de Brazzaville pour la célébration le 17 janvier 2020 du 123 ème anniversaire de la naissance de Mfumu MATSOUA, MATSOUA André Grenard à l’état civil, cet homme, catéchiste catholique de son vivant et fondateur en France de l’association amicale des originaires de l’Afrique équatoriale française. Mfumu MATSOUA qui disparut le 13 janvier 1942 dans la prison de Mayama (district du département du Pool au sud du Congo), et dont la dynamique a donné naissance au Matsouanisme, une organisation à caractère humanitaire, humaniste et spirituelle. Ce grand rassemblement des fidèles ngunza qui s’est déroulé dans l’allégresse totale, a connu la présence des ngunza venus de la RD Congo, de l’Angola et de la France dans le cadre d’une plateforme dite Mfuma Kongo. Les Kongo étant un groupe sociolinguistique présent au Congo, en RD Congo et en Angola.
A propos de l’homme
La biographie de Mfumu Matsoua a été lue par Mbuta NDOKO lors de cette commémoration. MATSOUA, un homme né « de façon mystérieuse » le 17 janvier 1897 à Mandzakala dans le district de Kinkala (Département du Pool). Le catéchiste qu’il deviendra dans le village Mbamou où s’étaient établis des prêtres de la congrégation de saint esprit, prêchera l’amour du prochain dans une période de « turbulence coloniale où l’homme noir est chosifié ». A un moment de sa vie, il abandonne son apostolat et se rend à Brazzaville pour par parfaire son éducation politique et sociale. Celui qui est très intéressé par les rapports entre noirs et blancs arrive en France en 1921 pour compléter sa formation sociopolitique, en étant au contact des réalités de la métropole. Mfumu MATSOUA « s’enrôle dans l’armée française et participe à la Guerre contre Abd el Krim au Maroc, et il obtient le grade de sous officier. Pendant son séjour à Paris, il crée le 17 juillet 1926 avec quelques camarades (…) une association de secours mutuel et d’entraide, connue sous le nom d’Association Amicale des originaires de l’Afrique équatoriale française, dont le but est de hâter l’évolution de l’Afrique toute entière ».
Une vie tumultueuse…
MATSOUA était engagé pour l’égalité entre les noirs et les blancs dans tous les domaines, en espérant résoudre les problèmes coloniaux de façon pacifique, a-t-on appris. Mais « le gouvernement colonial ne l’entend pas de cette oreille. Les délégués envoyés au Congo pour faire connaitre les objectifs de l’Amicale seront arrêtés, et MATSOUA lui-même le sera en décembre 1929 ». André Grenard MATSOUA condamné en avril 1930 à trois ans de prison et à 17 ans d’interdiction de séjour est déporté avec ses compagnons au Tchad. Il s’évade de la prison en 1935 et rejoint Brazzaville, avant de regagner Paris, où il s’engage dans la deuxième guerre mondiale. En 1940, l’homme est repris par les autorités françaises pour être extradé au Congo et condamné en février 1941 aux travaux forcés à perpétuité. Il disparait de la prison de Mayama où il est incarcéré le 13 janvier 1942.
L’héritage, le Matsouanisme
La vie de MATSOUA considéré comme une dynamique a donné naissance au Matsouanisme. Une doctrine qui compte en son sein trois dimensions : l’humanitaire parce que Matsoua a mené des actions sociales à travers la caisse mutuelle de prévoyance sociale ; l’humaniste pour avoir déclaré l’égalité entre les hommes et le respect de l’être humain ; le spirituel pour avoir accompli le dessein de Tata Ma Mpungu tu Lendo en prônant l’amour du prochain. Matsoua est du reste considéré par les adeptes de l’église qui porte son nom comme un envoyé de Dieu.
La célébration
Elle a lieu sous un soleil de plomb que les adeptes vêtus de leurs tenues surtout blanches mais aussi rouges ont bravé. Au bout d’un tapis rouge, le chapiteau officiel des patriarches : l’Apôtre Anicet MASSENGO des Ngunza Matsouanistes du Congo, celui venu de l’Angola et Mfumu NKUSSU de la République Démocratique du Congo. Ce dernier dans sa prédication a entre autres plaidé pour que le Matsouanisme soit exporté dans d’autres pays de l’ancienne AEF (Tchad , Gabon, RCA et Cameroun) et de la RDC car l’association Amical crée à Paris était constitué des ressortissant de ces pays.
Il est à noter qu’au cours de cette cérémonie animée par les chants des chorales et les envoutants péndrés (ces chants ngunza au rythme accélérés) , une séquence a été consacrée au pardon pour les péchés.
Photo 1 : Les patriarches ( Au centre , l’apôtre Anicet MASSENGO et à sa droite Mfumu Nkussu de la RDC)
Crédit Groupe Congo Médias
