Le Coordonnateur National du Réseau des intervenants sur le phénomène des enfants en rupture(REIPER), Joseph BIKIE LIKIBI, a indiqué que la sensibilisation des populations sur les violences basées sur le genre, la vulgarisation et l’application proprement dite de la loi Mouebara contribueront à réduire le phénomène des violences dont sont victimes les enfants. Le plaidoyer fait au cours d’une tribune organisée, le 9 décembre 2022, par l’Unicef Congo dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) a permis aux intervenants d’édifier le public sur ce phénomène, ses causes, ses conséquences et les pistes de solution.
Faire connaitre la loi aux populations à travers des campagnes de vulgarisation, appliquer la loi pour sanctionner les auteurs d’actes de violence, mettre en place toutes les structures prévues dans la loi Mouebara, impliquer toutes les parties adans une approche intersectorielle et faire de la lutte contre les violences basées sur le genre une priorité nationale a constitué l’essentiel du plaidoyer fait par les trois invités à cette émission animée par les journalistes Franck David BATOLA et Nephtalie IBENGA.
Pour la Chargée de l’éducation, protection et développement des enfants à l’Unicef Congo, Cinthia ACKA DOUABELE, l’éradication du phénomène passera par la mise en place du cadre institutionnel et légal qui prenne en compte tous les aspects de la lutte contre les VBG. L’autre aspect des stratégies est la prévention. Elle doit se faire à plusieurs niveaux. « La question des violences est un problème global qu’un seul secteur ou une seule structure ne peut prendre en charge. Il faut faire en sorte qu’il y ait une approche intersectorielle holistique pour que chacun puisse jouer son rôle. Nous en tant que partenaire technique, nous apportons des stratégies, mais il faut que le gouvernement prenne le problème à bras le corps pour que cela marche. Il faut que cela soit une priorité nationale » a-t-elle indiqué la chargée éducation.
Abordant la question relative à la vulgarisation des lois en lien avec ces violences, le Coordonnateur national du REIPER, Joseph BIKIE LIKIBI, a souligné la nécessité de continuer à vulgariser la loi Mouebara pour attirer l’attention des citoyens sur son existence i et sur ce qu’elle prévoit. « Il faut montrer que la loi existe et que les sanctions sont prévues. Il faut aussi sanctionner les personnes auteures des violences pour dissuader d’autres. Il faut leur faire comprendre qu’avant n’y avait pas la loi, mais aujourd’hui la loi existe et qu’il faut arrêter de poser des actes de violence, sinon ils exposent à la violence de la loi », a-t-il martelé. Il a également plaidé pour la mise en place des mécanismes de poursuites des interventions. Pour lui, il est nécessaire non seulement de prévenir et traiter, mais aussi prévoir la récurrence. La loi à elle seule ne suffit pas, Il faut un budget conséquent pour gérer les différents cas.
De son côté, le Magistrat et consultant de l’Unicef Romaric MBENGOU, a plaidé pour que l’ensemble des structures prévues dans la loi Mouebara soient mises en place pour qu’elles fonctionnent de manière optimale pour le bien des enfants.
Les VBG, qu’elles soient psychologiques sexuelles ou physiques, ont des graves conséquences sur le bien-être et la santé des enfants et des adolescents. Ses répercutions varient en fonction de la nature, de la gravité et de la durée des sévices. Au Congo, le phénomène prend de l’ampleur et fait des nombreuses victimes chaque année.
L’étude sur les enfants victimes de VBG réalisée en 2021 par le ministère en charge des affaires sociales avec l’appui technique et financier de l’Unicef peint une situation préoccupante qui nécessité des thérapeutiques adaptées. L’étude évoque 1338 cas de violences basées sur le genre recensées dont 312 dans les commissariats de police et 1026 dans les formations sanitaires.
Les commissariats de police et les formations sanitaires indexés.
Parmi les cas VBG, l’étude dénombre 248 cas de viols dans les commissariats de police, dont 85% perpétrés à Brazzaville et Pointe-Noire, deux principales villes du Congo, et 841 cas de viol dans les formations sanitaires. Une situation délicate quand on sait que ces deux structures sont censées protéger et suivre les victimes des cas de viol. Des viols qui sont perpétrés en toute impunité dans la majorité des cas.
Si parmi les cas de viols dénombrés dans les commissariats de police, seuls 2% des cas ont été présentés devant les tribunaux et contre 21% des cas ayant bénéficié d’un règlement à l’amiable, 77% des cas de viols perpétrés dans ces commissariats n’ont pas eu de suite. En effet, l’impunité totale dans laquelle ont été perpétrés certains cas de viols contribue au renoncement des victimes à dénoncer les auteurs des viols estimant que l’affaire sera classée sans suite favorable.
L’adoption et la promulgation de la Loi Mouebara qui vient s’attaquer à toutes les formes des violences basées sur le genre a été présentée par les invités comme un instrument juridique adaptée à la situation que connait le pays en matière de protection des enfants contre les violences.
Photo : Les invités et les animateurs lors de la tribune
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