« Tia bopeto », dit en langue Lingala parlée au Congo, se traduit en français par « Mets la propreté ». C’est principalement autour de cette émulation dite de « La Zone la plus Propre du quartier Moukoundzi Ngouaka» qui met en compétition les treize zones de celui-ci qu’ont tourné les 5 et 6 janvier 2021 les échanges lors des ateliers de sensibilisation organisés en direction des populations par les membres du Comité de Gestion et de Développement Communautaire (CGDC) de ce quartier de Brazzaville où s’exécutent des travaux de construction d’infrastructures dans le cadre du projet de Projet Développement Urbain et Restructuration des Quartiers Précaires (DURQUAP). Des rencontres hautement conviviales et participatives qui ont eu lieu à des coins de rue ou étaient disposées des chaises, vraisemblablement pour leur donner un caractère publique. Ces ateliers étaient par ailleurs des lieux d’échanges tous azimuts sur l’exécution des travaux et sur gestion des infrastructures dont le quartier sera bénéficiaire.
Les habitants de toutes les zones, ont annoncé Sandro Donald BALOSSA, président du CGDC et ses membres dûment formés par l’équipe de la Maitrise d’œuvre social (MOS ) du projet Durquap que dirige le Professeur Amadou DIOP, pour assurer sur le terrain des actions de sensibilisation, sont appelées à soumettre à un jury désigné par la mairie de l’arrondissement (Makélékélé en l’occurrence) des propositions sur un plan collectif de salubrité de leur zone qui doit aussi avoir un programme de travail, et mener sur le terrain des actions de nettoyage de leur zone respectives. Le concours qui court jusqu’au 30 janvier prochain permettra à la zone lauréate de bénéficier d’une dotation en matériel de travail comme des brouettes, des pelles et houes et autres . A propos de ce concours Sandro Donald BALOSSA indiquait ce qui suit : « Ce concours consiste à mobiliser les populations autours des questions liées à la salubrité, au travail collaboratif et surtout à la gestion des eaux usées (…) je pense que les populations ont compris le message et elles sont déjà motivées … ».
Le concours a deux volets. En effet, en plus du volet proposition de système de gestion des eaux usées, il y a la réalisation des actions de propreté sur le terrain : « Les membres du jury vont évaluer ce que les populations vont proposer et sur le terrain ils vont regarder ce qui a été fait parce que le résultat attendu est l’assainissement du quartier (…) je tiens à préciser qu’il y a un critère, c’est celui du travail collaboratif. Les crieurs vont passer dans le quartier pour sensibiliser les gens… », a renchériSandro Donald BALOSSA
La grande problématique des eaux usées
Dans toutes les zones du quartier où les ateliers ont été organisés, celle problématique pour le moins cruciale a délié bien de langues et animé les échanges. Comment gérer les eaux usées devant l’interdiction formelle édictée par le projet aux ménages de connecter des tuyaux aux caniveaux pour l’évacuation de ces eaux ? Sandro Donald BALOSSA, indiquait justement que la proposition de plan de gestion des eaux usées est l’objet même du concours « Tia Bopeto » : « … il ne revient pas à nous de proposer à une zone une méthode. Les populations doivent se retrouver, réfléchir elles-mêmes et proposer des systèmes de gestions de ces eaux usées. Ce sont donc ces systèmes là qui seront mis en compétition. Après on va évaluer pour voir quel est le meilleur ».
Si la directive consistant à ne pas envoyer les eaux usées dans les caniveaux suscite globalement l’adhésion des populations, il n’en demeure pas moins que pour certains comme Simone, habitante de la zone 7, la tache n’est pas si aisée pour creuser les puits perdus proposés par le CGDC dans s parcelle pour recueillir les eaux qui doivent ensuite s’infiltrer dans le sol : «…ma parcelle est bien cimentée ! Où vais-je mettre le puits perdu »? Ce cas vient donner matière à réflexion aux équipes des différentes zones en compétition, tant on peut imaginer que celui-ci n’est pas unique dans le quartier.
Les eaux usées une grande préoccupation aussi pour Dominique, habitant de la zone 7 qui du reste a salué l’organisation de cet atelier : « Cet atelier nous a fait du bien en ce sens que les gens savent ce qu’il y a à faire dans le cadre du soutient à la MOS et de la préservation des acquis du projet. Mais le souci c’est effectivement les eaux usées qui posent problème car elles sont générées par tous les ménages… ». Par ailleurs, même si l’homme affiche un optimisme quant à trouver des solutions à ce problème, il n’exclut pas d’épingler la nécessité de mettre à la disposition des équipes des moyens : « La solution est simple pour ce lui qui la veut et très difficile pour celui qui n’a rien, qui est sans argent, sans outils, car il ne pourra même pas poser un acte. (…) Nous pouvons travailler collégialement certes mais certaines personnes sont réticentes (…). Malgré tout, conclut-il « je suis content que notre quartier ai été choisi et je compte gagner ce concours ».
Lors de ces ateliers, d’autres points ont été évoqués. Il s’agit entre autres de l’exhortation par le CGDC aux habitants d’aller déverser les détritus dans les bacs à ordures publics de la société de collecte opérant dans la ville. On peut citer aussi l’appel au changement de comportement lancé en direction des populations des treize zones du quartiers Moukoundzi Ngouaka déjà à l’ouvrage, et les yeux rivés incontestablement vers la date du 3 février 2021, celle qui verra primée la zone la plus propres .
A propos du projet Durquap
Le projet DURQuaP dans le cadre duquel le quartier Moukoundzi Ngouaka bénéficie des aménagements, est un projet du gouvernement de la République du Congo financé et mis œuvre conjointement avec la Banque mondiale pour une durée de cinq ans, de 2016 à 2021. Ce projet permettra de répondre à certains défis du développement urbain. Il couvre le domaine du développement urbain et évolue sous la tutelle du ministère de l’Aménagement, de l’équipement du territoire et des Grands travaux. L’objectif du projet est, d’une part d’améliorer le cadre de vie de certains quartiers précaires sélectionnés à Brazzaville (la capitale) et à Pointe-Noire (la deuxième ville du pays sur la cote atlantique).
En outre, le projet permet ‘une part à la population d’avoir accès aux infrastructures et aux services de base décents, et d’autre part de renforcer les capacités de gestion des autorités nationales et locales.
Photo : Une vues de l’atelier des zones 4,5 et 6 en face du marché de Moukoundzi Ngouaka ( Crédit MOS/Dali)
