Approuvé le 11 octobre 2019 par le Conseil d’administration du Fonds d’Adaptation, le projet de renforcement des capacités d’adaptation aux changements climatiques des communautés vulnérables vivant dans le Bassin du Fleuve Congo lancé le mardi 21 septembre 2021 à Brazzaville, est le tout premier projet financé par cette institution. Celui-ci, doté d’une enveloppe de 5 milliards de francs CFA (10 millions de dollars US) va toucher 179 milles personnes vivant dans 124 villages des départements de la Bouenza, de la Likouala et de la Sangha. Le Programme Alimentaire Mondial est l’entité multilatérale de mise en œuvre du projet
L’objectif principal poursuivi par ce projet dont la cérémonie officielle de lancement a été présidée par Arlette SOUDAN NONAULT, Ministre de l’Environnement, du Développement Durable et du Bassin du Congo, est d’améliorer l’adaptation, la sécurité alimentaire et la résilience des communautés vulnérables aux changements climatiques. Il s’agira plus spécifiquement de réduire la vulnérabilité aux impacts du changement climatique ; de renforcer les capacités d’adaptation des communautés et des écosystèmes dont elles dépendent ; de promouvoir la sécurité alimentaire, la nutrition et en utilisant une approche sensible au genre.
Les changements climatiques, une réalité
Les changements et dérèglements climatiques qui sont une réalité dans le pays , ont été évoqués par la ministre de l’Environnement, du Développement Durable et du Bassin du Congo comme les faits ayant motivé la mise en place de ce projet. Les d’inondations de 2019 et 2020 sont citées en exemples par Arlette SOUDAN NONAULT : « …beaucoup de nos compatriotes avaient été victimes d’inondations. Ils avaient tout perdu : habitations, cultures, moyens de production et autres (…) Hier qualifié par certains d’utopie écologiste, le réchauffement climatique est aujourd’hui au centre de notre devenir et il nous faut très rapidement montrer notre capacité à nous y adapter. Les impacts de ce changement n’épargnent aucun secteur socioéconomique du pays. Ce problème, qui a une dimension transversale, nécessite donc l’implication de toutes les parties prenantes (…) Il s’agira concrètement de développer, dans un contexte de lutte contre le changement climatique, les capacités de résilience des communautés locales et autochtones vivant dans le bassin du Fleuve Congo. Plus spécifiquement, le projet mettra en place les mécanismes d’adaptation des producteurs agricoles afin de palier à l’insécurité alimentaire».
Pour sa part, Anne-Claire MOUILLIEZ, Représentante du Programme Alimentaire Mondial en République du Congo, a reconnu l’urgence et le caractère opportun de ce projet , tout autant que la ministre : « Nous sommes tous concernés par le changement climatique, non seulement par ses impacts, mais également en tant qu’acteurs. Nous nous devons d’agir à tous les niveaux, en mobilisant l’ensemble des pouvoirs publics, des acteurs privés et de la société civile pour mettre en œuvre des actions d’adaptation aux changements climatiques en République du Congo, complémentaires des actions d’atténuation qui sont déjà à l’œuvre ».
Par ailleurs, la diplomate des Nations unies a brossé l’agenda de mise en œuvre du projet : « Dès la semaine prochaine, une série de consultations va être lancée, dans les départements de la Bouenza, de la Likouala et de la Sangha, visant à entériner les décisions stratégiques et le plan de travail de ce projet, au niveau local. A l’issue des consultations, le comité de pilotage du projet se réunira afin d’arrêter les actions à mener et les priorités à traiter en vue d’un démarrage effectif du projet, prévue à la fin du mois de novembre 2021 ».
Anne-Claire MOUILLIEZ a dit aussi la satisfaction du PAM d’être l’acteur de mise en œuvre de ce projet : « Le Programme Alimentaire Mondial en République du Congo se réjouit du démarrage imminent du projet. En tant qu’entité multilatérale de mise en oeuvre, nous réaffirmons notre engagement, aux côtés du Ministère de l’Environnement, du Développement Durable et du Bassin du Congo, Entité d’Exécution, à assurer la réalisation efficace, transparente et complète du projet de Renforcement des Capacités d’Adaptation au Changement Climatique des Communautés Vulnérables du Bassin du Fleuve Congo.
Le projet d’une durée de cinq ans qui cible 124 villages des départements de la Bouenza (au sud du pays), de la Likouala et de la Sangha ( au nord), concerne 52 % de femmes et 44% d’autochtones, et retient comme critères de ciblage la vulnérabilité au changement climatique, la vulnérabilité socio-économique des ménages, l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, la présence de populations cibles (petits producteurs et populations autochtones) ou encore les interventions du Programme Alimentaire mondial existantes.
Un projet de trois composantes
La composante 1 du projet concerne les connaissances, le renforcement technique et la sensibilisation. Elle équivaut 15% du budget des opérations. La Composante 2 quant à elle est en rapport avec les Services climatiques, 23% du budget des opérations. Il s’agira de l’adaptation des données climatiques complexes en informations utiles aux différentes activités et transmission des informations climatiques aux différents utilisateurs. Il est cité l’exemple du Systèmes d’alerte précoce, le déclenchement d’actions rapides, les meilleures options de stockage alimentaire, les cultures à privilégier selon les saisons. Quant à la composante 3 qui se rapporte aux moyens d’existence résilients et qui va engloutir 62% du budget des opérations, elle s’intéresse au renforcement de la résilience au niveau communautaire par la valorisation de mesures d’adaptation concrètes et de systèmes alimentaires améliorés. Quelques exemples : l’agriculture climato-sensible dont agroforesterie, la réduction des pertes post-récoltes, la gestion de l’eau, l’établissement de liens commerciaux pour les activités génératrices de revenus durables
Quelques actions concrètes
Parmi ces actions figure la formationdes chefs de secteur agricole, des directions départementales de l’environnement, du développement durable, de la météorologie, de l’économie forestière et de la société civile à l’adaptation au changement climatique. Nous pouvons citer aussi la sensibilisation des enseignants et les enfants sur les causes et les impacts du changement climatique à travers la formation des enseignants ou encore le développement des services climatiques adaptés aux besoins des communautés vulnérables et le partager des informations par le biais de canaux culturellement appropriés.
Photo : La photo de famille au sortir de la cérémonie de lancement (Crédit Groupe Congo Médias)
